Déambulation 42. Partir ou résister aux bilans

En regardant les étoiles à ma fenêtre, je me demandais que faire de toutes ces photos prises lors des soupers, soirées, dîners et partys de Noël et du Jour de l’an. Je n’avais aucune envie d’écrire sur le temps des fêtes à nouveau, pas plus que je ne voulais laisser passer un mois en silence en guise de protestation. Ces photos sont belles, mais figées dans le temps, plus près des résolutions et des promesses non tenues que de mes pas errants. De plus, l’heure des bilans a été maintes fois abordée dans ce blogue qui aura quatre ans cette année, qui connaîtra alors quatre bilans d’après-fêtes, quatre promesses de changements. C’était clair depuis quelques jours : ces clichés ne seront pas publiés ici parce que, cette année encore, c’est partir qui s’est annoncé à mon écran-fenêtre : quitter la ville pour en trouver une autre, connue et reconnue, déjà arpentée, déjà aimée, retrouvée pour l’aimer mieux.

Il ne faut pas aller loin pour changer l’air vicié du temps des fêtes, celui des excès, de la malbouffe, de la consommation à outrance, des faux sourires et des pleurs sincères. Il était clair qu’il fallait commencer cette nouvelle année en toute intimité avec mon amoureux et les autres milliers de personnes qui parcourent les rues de New York – une ne ville comme une autre : c’est le mouvement qui importe, celui de quitter Montréal quelques jours pour s’éloigner des lieux nouvellement enneigés, pourtant déjà quotidiens, et retrouver cette drôle de posture, paradoxale et jouissive, de celui qui s’assoit sur un siège plus ou moins confortable pendant de très longues heures pour se sentir avancer. De l’autre côté de la vitre, le paysage défile sans arrêt. Le train s’enfonce vers le lointain, s’éloigne, m’éloigne.

Jusqu’ici, rien de nouveau : le mouvement du train a été abordé ici, le bilan du jour de l’an ici, tout comme le fait de partir pour retrouver une ville aimée. Pas de changement, plutôt le pattern du voyage, le pattern de la fuite, mais que fuis-tu comme ça. Je me défends : je ne fuis pas! Je donne rendez-vous au ciel dans l’ailleurs tant aimé, à quelques rues ou à l’autre bout du monde, peu importe. Et, loin de chez moi, je le regarde avec des yeux nouveaux, question de faire le plein de nouvelle lumière pour la prochaine année.

Pas de résolutions, cette année, si ce n’est que de continuer comme ça. Le voyage en début d’année a cette puissance incroyable sur celui qui déambule. Une fois que la fatigue des fêtes tombe avec les armes de l’an dernier, la tête s’alourdit comme à la fin d’une période de stress. Il faut s’illuminer pour ne pas arrêter de rêver, s’aérer l’esprit, comme on dit, se changer les idées. Marcher en terrain connu/inconnu et tâcher d’ajouter à sa collection d’images quelques nouvelles formes, fraiches et éclairées, remplies d’une lumière qui saura demeurer telle jusqu’à la prochaine première tombée des neiges.

D’ici là, plusieurs pas ont été franchis. J’ai su reconnaître quelques nouvelles obsessions comme celle de la lumière en plein dans l’objectif ou le plaisir d’être aveuglé par le soleil reflété sur les gratte-ciels. J’ai aussi rencontré sur mon chemin une certaine fatigue de la couleur, comme un besoin d’épuration, de ne garder que les traces blanches et noires comme des silhouettes trop contrastées sur une scène de théâtre. Pourtant, encore les mêmes figures : les nuques et les dos d’étrangers, le large, beaucoup de ciel et de murs remplis de curiosités.

Voilà l’unique bilan. D’autres se feront dans le secret et dans la désinvolture. Si je n’ai jamais donné de point d’arrivée à ce blogue, pas même en début d’année, c’est que la déambulation résiste aux résolutions. L’horizon qui recule demeure le seul objectif, depuis quatre ans.

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