Déambulation 15. L’été est une saison pleine (au bout du chemin)

(suite des deux billets précédents)
  

Projet bidon, je me dis. Je le sens comme une régression. Pourtant, non, puisque je suis les pas de la déambulation, cette fois réelle, à travers la ville, à travers les saison, à travers mes humeurs et dans l’écriture. Je recherche encore la rue, l’ordure ou l’enfant qui donnerait à ce billet de blog une quelconque profondeur. Décidément, le printemps a le dos large, mais merde, ça me dérange. Cette saison, pour la première fois, m’irrite vraiment.

De déchet en déchet, arrive un chantier, autre producteur de déchets. Quelque chose se passe.


Si la mort se trouve dans les déchets, l’entre-deux se trouve bel et bien dans le chantier. Espace vide, mais si plein, espace sans temps, espace sans lieux. Un non-lieu pourtant lieu en devenir. Une intervalle dans l’espace et dans le temps qui, d’un coup, nous pointe du doigt : je suis ici, dans l’intervalle, en toute solitude dans le vide qui sera bientôt le plein, dans l’absence qui sera bientôt présence aussi forte qu’un bâtiment.

Ce qui me dérange dans l’arrivée du printemps, dans la mort invisible de l’hiver et maintenant dans l’arrivée ridiculement rapide d’un été humide et étouffant, c’est le plein. Nous sommes sortis prématurément d’un hiver qui n’a pas eu lieu. Nous sommes sortis de l’absence comme des enfants en fin de classe, remplissant les rues d’une présence beaucoup trop forte, sans avoir daigné jeter un seul regard à l’arrière, sans avoir voulu voir la mort des choses, la fonte des neiges, sans avoir pris la peine de ramasser les cochonneries par terre qui gisent encore comme les vestiges d’un passé renié, refoulé. Nous avons oublié l’intervalle : faire un entre deux, faire un chantier du monde et de soi pour le remplir tranquillement. Nous avons oublié de nous apercevoir que nous sommes présents. Nous avons oublié de prendre une bonne respiration, entre le temps et le lieu, entre l’absence et la présence, pour affronter l’été et sa lourdeur, sa chaleur, son intransigeance.

L’été est une saison pleine et nous nous y sommes précipités. Nous avons sauté dedans à pieds joints, les yeux bandés.

Ça me dérange. Voilà ce vers quoi la déambulation m’a mené.





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