Lignes, taches, cercles, ombres.
Niveaux, topographie, cartographie.
Le centre de la terre.
On peut aller loin dans la recherche de signes dans le sol plutôt que dans le ciel. Pas d’anges qui nous font rêver, pas de nuages qui nous font imaginer toutes les formes de l’enfance, pas de bleu changeant de ton selon l’humeur du monde. Sous nos pieds, que des morts, disparus et oubliés, qu’un gris qui expire de soi la tristesse et le stress, le lieu même des fracas. Parfois le lieu des graffitis, des tags et des traces d’un passage trop bref pour bénéficier d’un mur, d’un passage parfois violent : sang, membres, vitres d’autos.
Mon chemin collé au sol m’a présenté autre chose que des clichés. Un cœur rose devant chez moi, presque à ma porte d’entrée, découvert deux ou trois jours après que mon copain ait emménagé chez moi. La possibilité de regarder l’asphalte du haut de plusieurs étages avec de nouvelles formes et de nouvelles ombres. Puis encore la sempiternelle culotte. En la revoyant dans mes archives photographiques, je n’ai pu faire autrement que de rendre hommage au sol sur lequel la bobette reposait. Personne ne pourra me traiter de pelleteux de nuages : voici mon grand retour plus que terre à terre dans le monde virtuel.